Shigeyoshi Iwata
1935 (Yasu, Japon)
Shigoyoshi IWATA est un maitre-peintre traditionnel japonais rattaché à l’avant-garde de Kyoto. En 1958, il obtiendra un diplôme de l’Université des Arts de la ville de Kyoto au département de la peinture japonaise (« nihon-ga »). Insatisfait du caractère féodal des groupes d’art au Japon, il participera en 1959 en tant que co-fondateur au lancement de la « Cella Fine Art Association » à Kyoto. Ce groupe qui visait à combler la division historique entre la peinture occidentale et japonaise deviendra un tournant pour les avant-gardes japonaises d’après-guerre. De 1960 à 1964, Cella réussira à organiser beaucoup d’expositions (notamment au Japon) et recevra également des éloges de l’étranger.
Le terme Cella (« cellule » en latin) résumera ainsi l’esprit d’exploration du groupe (c’est d’ailleurs l’expression « scission des cellules » qui annoncera sa fin). Dès le début, Cella adoptera une perspective globale en incluant l’anglais dans ses documents. A sa 1ère exposition, le groupe défiera les conventions en présentant jusqu’à 30 œuvres d’un même artiste. Composé surtout d’artistes « nihon-ga », Cella visera à transcender les limites traditionnelles pour créer des peintures créatives avec notamment l’usage de matériaux variés (ex. peintures à l’huile, l’eau, et l’émail, mais aussi encre de Chine, laque, cire, plâtre, tissu, caoutchouc, boue, pierre ou encore paillasson). Iwata pour sa part utilisera avec ingéniosité la peinture à l’huile avec des éléments appliqués (ex. bois, corde ou argile) – créant ainsi des compositions abstraites en relief qui comptaient parfois collages et assemblages. Tout ceci lui vaudra d’obtenir des grands prix japonais (ex. Maruzen Oil Company en 1961, ou encore Mainichi Press en 1961 et 1963).
Le groupe résidera au « Cella Art Village » qui fut construit en 1961 à Kitashirakawa (près de Kyoto). Ce village de 5000 ㎡, répartis en studios d’artistes, attirera vite l’attention des médias et de collectionneurs américains (ex. John et Kimiko Powers de Philadelphie qui achèteront sur place pas moins de 150 œuvres). De là, le parcours d’Iwata culminera avec la co-fondation du « Kyoto Hamlet of Fine Arts » avec les artistes Shingo Kusuda, Masami Kodama et Noriyasu Fukushima. Grâce au soutien des Powers et le parrainage officiel du Japanese-American Cultural Research Institute, ces 4 artistes seront invités à exposer aux États-Unis (ex. en Mars-Avril 1964 à New York et Washington D.C. – où Iwata présentera ses œuvres « Faille » de 1957 et « Couleur Jaune » de 1960). De par ce contact positif avec le Japon et ses avant-gardes, les Powers décideront in fine de créer en 2014 dans le Colorado le « Powers Art Center » pour diffuser leur collection d’art japonais et Pop Art.
L’empreinte d’Iwata se manifestera dans des grandes expositions collectives telles que « In the Heart of Passion; Nihonga 1950’s » au Musée préfectoral des Beaux-Arts de Tochigi en 1993 – dans laquelle 25 autres artistes japonais participeront (ex. Hidetaka Ono). En 2016, le MoMAK organisera une exposition historique (« A Feverish Era: Art Informel and the Expansion of Japanese Artistic Expression in the 1950s and ’60s ») dans laquelle 110 œuvres seront exposées (ex. y compris « Work-139 » de 1963 de Iwata). Cette exposition réunira un éventail large d’œuvres – comme celles « aux styles gestuels en rupture avec la tradition artistique » promues par Michel Tapié en 1956 – qui traduiront cette période où les artistes japonais intégraient les tendances occidentales pour atteindre une ultime reconnaissance internationale.
De par son esprit pionnier avec l’utilisation inventive de matériaux et sa volonté de repousser les limites de l’expression artistique – Iwata contribuera à laisser une trace tangible dans les annales de l’art japonais d’après-guerre. A la fin de sa carrière, l’artiste expliquera que son objectif était de « transcender la représentation visuelle conventionnelle – en canalisant des éléments de couleur, de forme, d’équilibre et d’harmonie grâce à une palette diversifiée de matériaux ».

