Suzuki

Takashi Suzuki

1898 (Japon) – 1998 (Japon)

Takashi SUZUKI est un artiste « lettré » d’après-guerre qui se rattachera à cette grande et belle lignée des peintres japonais de l’École de Paris des années 50.  Ancien diplomate et conseiller de grandes affaires, il consacrera la moitié de sa vie (après-midis ou soirées) à la culture (peinture, musique, poésie, éthique de haute classe).  Suzuki fera de nombreux voyages en Europe dont un long séjour à Paris.  Il sera notamment exposé entre Décembre 1973 et Janvier 1974 à la galerie Albert Verbeke (Paris VIème) à l’occasion d’une grande rétrospective intitulée « Maitres du Japon » qui proposera un « dialogue » percutant et novateur entre quatre grands artistes japonais d’après-guerre – Insho Domoto, Sofu Teshigahara, Shigeru Onishi et Takashi Suzuki.  A cette occasion, la galerie éditera un catalogue en couleurs qui sera préfacé par le grand critique d’art, Michel Tapié qui conclura avec ces mots: « Voici donc quatre cas passionnants d’un pays où l’art est respecté.  ‘La grande question est l’art de vivre, mais si elle est bien résolue, alors l’art prend sa place de tous les instants’, dit à peu près un proverbe japonais.  Je laisse aux authentiques ‘amateurs d’art’ (qui aiment) la chance d’en vivre merveilleusement les prolongements artistico-esthétiques: laissons donc parler les seules œuvres d’ART ! ».

Suzuki – qui a été principalement actif durant la période contemporaine postérieure à 1950 – répondait à un style artistique du type « photographie de paysage ou encore macro photographie ».  Ses sujets favoris touchaient à la nature au sens large (paysages, fleurs, botanique) et de fait il donnait à ses tableaux des titres correspondants et révélateurs (ex. Hortensia blanc ou encore Iris sous la pluie – cette dernière toile importante de 1962, qui faisait parti de la collection personnelle de Tapié, a été exposée à Turin au sein de l’ICAR « International Center of Aesthetic Research »).  ICAR est un centre prestigieux fondé le 3 Mars 1960 par Michel Tapié en sa qualité d’expert et conseiller artistique et, utilisé par ce dernier comme vitrine de choix d’exposition des artistes appartenant à son réseau de galeries internationales – New York, Paris, Milan, Rome, Turin, Tokyo et Osaka.  Suzuki faisait parti de ces artistes phares qui ont été retenus par Tapié dans sa constellation artistique et son réseau marchand international de prestige.

La peinture de Suzuki fut grandement consacrée par Michel Tapié dans un livre anthologique de l’art japonais d’après-guerre que ce dernier a coécrit en 1961 avec son homologue nippon Tôre Haga: « Continuité et avant-garde au Japon ».  Dans ce livre, Tapié présente les œuvres en couleur de 39 artistes japonais qui sont pour lui « l’essentiel de toute l’avant-garde Japonaise ».  Suzuki y est représenté en pleine page avec trois de ses œuvres au coté d’autres grands artistes japonais d’après-guerre exilés notamment à Paris: Key Sato, Toshimitsu Imai, Hisao Domoto, ou encore Yasse Tabuchi.  Dans ce livre figurent également les illustres maitres japonais (qui pour certains ont déjà été exposés au côté de Suzuki) que sont Sofu Teshigahara, Insho Domoto, ou encore Jorinasa Yanagi.  Mais également d’autres artistes de renommée mondiale que sont Yayoi Kusama, ou encore pour le mouvement Gutaï – Jiro Yoshihara, Shozo Shimamoto, Toshio Yoshida, Sadamasa Motonaga, Atsuko Tanaka, ou encore Kazuo Shiraga.  Cette liste impressionnante de géants de l’art japonais d’après-guerre ne vient qu’entériner l’importance de la peinture avant-gardiste de l’artiste Takashi Suzuki.

L’œuvre de Suzuki figure dans les meilleures collections du monde mais également de façon monumentale dans des temples bouddhique de pèlerinage.  Calligraphies et « Iris sous la pluie » sont les constants prétextes de l’artiste pour réaliser des peintures de profonde qualité alliant très souvent tradition et création.